Scénario Economique
Publié le 14/03/2024

Scénario Éco - Les banques centrales à la croisée des chemins

Retrouvez dans le dernier Scénario Éco, publié par les économistes du groupe Société Générale, les prévisions économiques trimestrielles pour l'ensemble des grandes économies développées et émergentes.

Accédez au document « Les banques centrales à la croisée des chemins » et/ou regardez la courte vidéo récapitulative de Michala Marcussen, Chef Économiste du Groupe.

Edito Vidéo - Les banques centrales à la croisée des chemins

Michala Marcussen - Chef Économiste du Groupe

Pourquoi l’économie américaine a-t-elle fait preuve d’une telle résilience ?
L'économie américaine a surpris avec des performances meilleures que prévues et le consensus table désormais sur une croissance du PIB d'un peu plus de 2 % en 2024, contre un consensus qui se situait à seulement 0,6 % l'été dernier. Par rapport aux autres grandes économies, les États-Unis font figure d’exception. Au cours de la même période, le consensus de la croissance en zone euro a été révisé à la baisse, passant de 1 % à 0,5 %, tandis que le consensus pour la Chine est resté globalement inchangé à 4,6 %, ce qui est un niveau légèrement inférieur aux cibles du gouvernement chinois de 5 %. La vigueur surprenante de l'économie américaine découle en partie d'un cercle vertueux de désinflation qui a donné aux consommateurs la confiance nécessaire pour dépenser. Cela a favorisé des emplois et ainsi renforcé la confiance des consommateurs à nouveau. Ce phénomène est également en œuvre en Europe, quoique de manière moins prononcée. La vigueur des bénéfices des entreprises a été un autre aspect positif, et ce malgré un resserrement agressif de la politique monétaire. À l'avenir, plusieurs facteurs laissent néanmoins présager un ralentissement de la croissance aux États-Unis. Tout d'abord, l'épargne excédentaire liée à la pandémie, qui était probablement encore plus importante que prévu initialement s'estompe et le taux d'épargne des consommateurs américains est déjà à un niveau très faible. De plus, une grande partie de la dynamique récente du marché du travail américain provient de quelques secteurs seulement. Elle s'est récemment concentrée sur le secteur de la santé qui se remet encore de la pandémie. Alors que la croissance du secteur de la santé devrait être soutenue par le vieillissement de la population et la prévalence des maladies chroniques, le rythme actuel de l'embauche est bien supérieur aux tendances structurelles et devrait ainsi ralentir. L'autre question pour les États-Unis est de savoir ce qui se passera ensuite sur le plan budgétaire. L'explosion de la dette plaide en faveur d'une certaine austérité mais l'incertitude est plus grande, notamment à l'approche des élections présidentielles au mois de novembre.

Quand la Banque Centrale baissera-t-elle ses taux ?
La zone euro a enregistré une croissance zéro en fin 2023 et les perspectives de la croissance économique pour 2024 sont faibles. La BCE reste toutefois préoccupée par le fait que la progression salariale pourrait encore déclencher une nouvelle hausse de l'inflation et souhaite voir plus de signes de ralentissement avant de réduire ses taux directeurs. Les marchés intègrent désormais pleinement une baisse des taux au mois de juin, mais certains membres du Conseil des gouverneurs de la BCE gardent également la porte ouverte pour le mois d'avril. Une différence importante entre les États-Unis et la zone Euro est l'assainissement budgétaire plus important dans la zone euro, qui constitue également à court terme, un vent contraire à la croissance. À moyen terme cependant, cela assure un équilibre des finances publiques et pose de bonnes bases pour la croissance future. L'enjeu majeur pour l'Europe aujourd'hui est d'arriver à favoriser davantage les investissements privés, nécessaires au soutien de l'innovation et de de l'emploi. Il s'agit non seulement d'augmenter le volume de financement, mais également d'adopter une approche différente des risques pour une allocation géographique plus homogène dans la région. La récente initiative visant à relancer les projets de l'Union des marchés de capitaux est bienvenue. Il est aujourd'hui important que ce projet soit mis en œuvre rapidement et avec un soutien public dans des domaines clés tels que la transition écologique. Assurer une source de croissance propre à la zone euro est encore plus important dans un monde géopolitiquement plus fragmenté, façonné par une rivalité régionale croissante.