Finance Responsable
Publié le 07/07/2020

Les obligations sociales passent au vert alors que la crise du Covid-19 catalyse l'intérêt des investisseurs

L'Unédic a émis sa première obligation sociale sur un marché accueillant, non découragé par l'absence de garantie de l'Etat pour la sécurité sociale française, et enthousiasmé par un format qui est rapidement devenu aussi populaire que les obligations vertes.

La finance a joué un rôle majeur dans la réaction des gouvernements face à la crise Covid-19, notamment avec l'émission des obligations sociales pour soutenir les salariés et préserver les emplois de ceux qui ont été licenciés.

L'Unédic, l'organisme français de sécurité sociale, est le dernier en date à émettre ces obligations, après la Banque de développement du Conseil de l'Europe et la Cassa Depositi e Prestiti, une agence du gouvernement italien, car la crise accélère l'intérêt des investisseurs pour un format qui était auparavant moins populaire que les obligations vertes.

En juin 2019, le Conseil d'Administration de l'Unédic s'est réuni pour adapter son financement en faveur des Social Bond Principles (SPB) sur le marché des capitaux

Jun Dumolard, Directeur financier de l'Unédic

Le travail de structuration était en cours au début de l'année 2020, lorsque la pandémie a commencé à se propager. L'effet de la crise Covid-19 sur l'économie française a nécessité des mesures de réponse massives pour protéger et soutenir les entreprises ainsi que le personnel.

« Pour financer l'effort exceptionnel, il était naturel de répondre à l'appui de nos investisseurs, qui s'est construit sur de nombreuses années », a déclaré M. Dumolard. « En apportant un avantage de transparence et d'engagement dans la mise en œuvre des obligations sociales et en soutenant l'emploi durable, l'Unédic démontre sa contribution aux objectifs de développement durable des Nations Unies. »

Olivier Vion, Responsable marché primaire obligataire, secteur public chez Société Générale, a déclaré : « Les gens se rendent compte que tout est censé être social en fin de compte. Le vert était bien et le social était le second choix. Toutefois le besoin est égal et, en fait, la même chose, ce qui rendra le marché des obligations sociales plus dynamique. »

La dernière levée de fonds, un financement de 4 milliards d'euros sur six ans de l'agence française, marque également la première levée de fonds de l'agence sans le soutien d'une garantie gouvernementale. En tant qu'élément intrinsèque du système de sécurité sociale du pays, l'offre de garantie implicite de l'agence a suffi à susciter l'intérêt d'un grand nombre d'investisseurs et a permis de constituer un carnet d'ordres bien rempli.

La création de ce nouveau type d'obligations n'a pas été précipitée, les projets de l'agence n'ayant été qu'accélérés par une crise qui a également servi à faire connaître la cause.

Avant la crise, il y avait probablement plus de publicité et de bruit autour des obligations vertes que des obligations sociales, mais depuis la crise, l'aspect des obligations sociales a vraiment décollé

Olivier Vion, Responsable marché primaire obligataire, secteur public, Société Générale

Alors que le chômage a diminué en France et que l'Unédic était proche de l'équilibre budgétaire, l'état d'urgence déclenché par Covid-19 a obligé l'agence à renforcer un programme de financement pour cette année qu'elle devait mener à bien avec facilité. Un accord avec le gouvernement selon lequel l'Unédic dirigerait le programme national d'aide aux personnes en difficulté, l'État apportant son propre financement direct, s'est accompagné d'une augmentation impressionnante et efficace de la taille de son programme de financement.

Les investisseurs ont été impressionnés par la rapidité avec laquelle l'émetteur s'est adapté aux nouveaux besoins.

« L'Unédic conservera ce format à long terme et émettra toutes les futures obligations dans le cadre du Social Bond Framework » a déclaré M. Dumolard.

L'obligation comprend également une disposition selon laquelle l'Unédic s'engage à séparer et à investir tout produit qui n'est pas immédiatement utilisé dans des fonds d'investissement responsables, une initiative introduite pour rassurer les fonds socialement responsables qui envisagent de participer à la nouvelle obligation.

« Ils voulaient souligner l'objectif de leur mission d'une manière plus explicite et aussi atteindre les fonds qui ont des restrictions concernant les investissements et l'investissement socialement responsable ainsi que s'assurer que cela était bien compris par le marché », a déclaré M.Vion.

Les fonds aideront les entreprises françaises à préserver l'emploi en cas de crise économique ou sanitaire et à neutraliser les périodes de perte d'emploi grâce à la contribution aux régimes de retraite complémentaire. Cette protection large, sous forme de revenu de remplacement, couvre les aléas du marché du travail, tels que les licenciements, le chômage, les baisses d'activité, les contrats de travail précaires, et s'adresse aux personnes ayant des contrats de courte durée ou à temps partiel.

Les fonds peuvent également être utilisés pour aider à l'acquisition de qualifications et de compétences professionnelles ainsi qu'à la réalisation de projets d'entreprise ou de changements de carrière.

« Premièrement, il est important pour les investisseurs de connaître l'utilisation des fonds ; deuxièmement, il y a des investisseurs dans le segment très haut de gamme du marché qui préfèrent la sécurité des agences à celle des entreprises ; et, troisièmement, sur le marché des taux, il y a toujours une sorte de valeur relative, ce qui a également un effet sur l'appétit des investisseurs », a déclaré M. Vion. « Mais il est difficile de dire que l'un ou l'autre de ces facteurs était le principal attrait : c'était probablement une combinaison de deux ou des trois. »