30 ans, 4 voix, une mémoire
Episode #4 : souvenirs d’un tournant historique.

De gauche à droite : Christophe Van Cauwenbergue, Edith Plestan, Stéphane Landon
En 1995, Société Générale franchit une étape majeure en regroupant plusieurs milliers de collaborateurs parisiens dans les Tours Alicante et Chassagne. Ce déménagement emblématique marque le début d’une nouvelle ère pour la banque, tant sur le plan organisationnel que culturel.
À l’occasion des 30 ans de cette installation, quatre collaborateurs* — Édith, Valérie, Stéphane et Christophe — reviennent sur ce moment fondateur. Tous ont vécu l’emménagement dans les Tours et partagent leurs souvenirs d’un bouleversement professionnel qui a transformé leur quotidien et redéfini les modes de travail.
L’annonce du déménagement : entre enthousiasme et réserve
Un déménagement professionnel peut susciter des réactions contrastées. Entre les contraintes logistiques, l’appréhension liée à la nouveauté et l’adaptation à un nouvel environnement, ce changement peut être vécu comme une source de stress. Mais il représente aussi, pour beaucoup, une opportunité de renouveau et d’évolution.
Chaque collaborateur vit ainsi cette transition à sa manière, avec des ressentis parfois très différents. Christophe Van Cauwenbergue, par exemple, affirme n’avoir éprouvé aucune inquiétude. Stéphane Landon, lui, se souvient d’une annonce plutôt bien accueillie : « un immeuble moderne et fonctionnel, et le regroupement de toutes les équipes ».
D’autres, comme Édith Plestan et Valérie Mace, expriment des sentiments plus partagés, mêlant « étonnement, déception et réticence à l’idée de quitter le centre parisien, le quartier Haussmann et son effervescence, pour aller « s’exiler » à La Défense ».
Un nouveau souffle pour les espaces de travail
Avant le regroupement à La Défense, les services centraux étaient disséminés dans plus de 50 sites parisiens, souvent vieillissants et peu adaptés aux exigences d’une banque moderne. Christophe se souvient que « certains lieux historiques, comme Edouard VII**, formaient un véritable dédale de couloirs et de demi-niveaux. On s’y perdait ! ». Cette fragmentation freinait la collaboration, complexifiait les échanges et rendait les conditions de travail parfois peu fonctionnelles. Le déménagement dans les nouvelles Tours a marqué un tournant stratégique, à la fois organisationnel et humain.
Pour Valérie, ce déménagement a surtout transformé les modes de travail : « C’était tellement agréable de ne plus être enfermés à deux dans un bureau. Tout était plus convivial » confie-t-elle.
Christophe évoque quant à lui « la bataille des bureaux individuels » qui a nécessité de définir des règles d’attribution selon les fonctions et niveaux hiérarchiques, bousculant les habitudes. Il souligne néanmoins un bénéfice majeur : « un gain de temps collectif, en évitant les déplacements dans Paris pour certaines réunions ».
Une révolution informatique au cœur du projet
Au-delà de leur dimension architecturale, les nouvelles Tours incarnent une véritable transformation des espaces de travail et des pratiques professionnelles. Ce renouveau se traduit également par une modernisation technique significative, qui a profondément changé le quotidien des collaborateurs.
Christophe se souvient de cette évolution : « la mise en réseau, la généralisation de la bureautique moderne, le partage de documents via un serveur de fichiers, et les imprimantes mutualisées ». Stéphane confirme l’ampleur du changement : « Pour les équipes des salles de marché, on passait de l’artisanat à l’industrie », souligne-t-il, évoquant l’arrivée des technologies de pointe.
Valérie, elle, se remémore avec un soupçon de nostalgie l’arrivée des premiers ordinateurs personnels : « À l’époque tout était fait manuellement, au crayon et à la gomme. Une fois dans les Tours, nous avons tous eu notre propre ordinateur. C’était une sacrée révolution ».
Premiers pas dans les Tours : entre silence, émerveillement et étonnement
Après l’installation, les premières impressions laissent vite place à des souvenirs marquants, parfois inattendus, souvent amusants — autant de témoignages révélateurs d’un nouveau quotidien.
Christophe se rappelle notamment d’un calme inhabituel. « Ce qui frappait au début, c’était le silence dans les couloirs. Il était rare que les portes soient ouvertes. Il a fallu plusieurs années pour que cela change. Le bâtiment était aussi non-fumeur, ce qui représentait un progrès énorme ».
Pour Stéphane, les Tours étaient surtout « impressionnantes, emblématiques de l’époque et de l’ambition de la banque ».
Édith, elle, conserve le souvenir d’un lieu grandiose, presque autonome : « Toutes les commodités donnaient l’impression d’une mini-ville. Le TMD, système de transport du courrier par wagonnets suspendus, était tellement innovant. Et la vue sur Paris… J’en suis toujours émerveillée ». Elle raconte aussi, avec humour, une anecdote de sa première semaine : « un soir, de grands bruits sur les fenêtres… c’étaient des oiseaux migrateurs qui heurtaient les Tours, absentes de leur parcours auparavant ! ». L’arrivée dans des bureaux tout neufs a également marqué les esprits : « Un cadre avait été offert à chacun pour décorer son espace, et nous visitions mutuellement nos bureaux. »
Valérie conclut avec émotion : « Je trouvais les Tours très belles à l’époque et c’est toujours le cas aujourd’hui. Elles n’ont pas vieilli dans l’environnement de La Défense ».
Trente ans après leur inauguration, les Tours Alicante et Chassagne continuent d’incarner l’esprit d’innovation et de transformation de Société Générale, tout en restant un repère fort dans le paysage de La Défense et dans la mémoire de ceux qui les ont vues naître.
* propos recueillis auprès de :
- Edith Plestan : 45 années d’ancienneté chez Société Générale, Secrétaire du Vice-Président Directeur Général, Jean-Paul Delacour, en 1995 - aujourd’hui Assistante du Président
Valérie Mace : 36 années d’ancienneté chez Société Générale, Chargée de relations Investisseurs Institutionnels en 1995 - aujourd’hui Responsable de financements structurés Export chez GLBA
Stéphane Landon : 35 années d’ancienneté chez Société Générale, Responsable Trading Options de change en 1995 - aujourd’hui Directeur des risques pour le Groupe
Christophe Van Cauwenbergue : 33 années d’ancienneté chez Société Générale ; Responsable des Systèmes d’Information Graphiques au Département immobilier en 1995 - aujourd’hui Directeur de Programme Euro Numérique à la Direction des paiements
** Edouard VII est un ensemble immobilier du quartier de l’Opéra que les services centraux du Groupe ont occupé de 1923 à 1995