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Publié le 27/10/2016

L’arme budgétaire au secours de la croissance ?

La période de faible croissance mondiale ne semble toujours pas arrivée à son terme, même si une légère accélération de l’activité est attendue en 2017. Les sources de fragilité restent en effet nombreuses.

Dans les économies développées, l’embellie observée en 2015 a été de courte durée et la croissance ne s’accélérerait pas de manière notable en 2017. Le choc du « Brexit » jouerait en effet négativement. De plus, l’effet positif de la baisse du prix du pétrole sur la demande intérieure, notamment en Europe, semble désormais s’estomper. Le rebond conjoncturel viendrait donc essentiellement des pays émergents, où les signes de reprise se sont confirmés au cours de l’été même s’ils demeurent fragiles.

Au total, si la croissance mondiale se raffermit en 2017, elle resterait molle. Les capacités de production excédentaires dégagées par des années de sous-performance économique ne seraient donc pas effacées de si tôt et l’inflation n’accélérerait pas rapidement.

Par conséquent, les banques centrales, notamment la Banque Centrale Européenne, resteraient sous pression pour maintenir des conditions monétaires ultra-accommodantes. Néanmoins, après avoir déjà mis en place de larges programmes d’achats d’actifs financés par création monétaire, ainsi que des taux d’intérêt négatifs, ces banques centrales ont déjà largement utilisé les outils à leur disposition.

Dans ce contexte, les appels de la part des grandes institutions internationales - telles que le Fonds Monétaire International - en faveur d’une relance budgétaire coordonnée se sont renforcés, ce qui pourrait conduire à un relâchement des finances publiques. D’ailleurs, plusieurs pays ont récemment assoupli leur politique budgétaire. En France, les nouvelles annonces de dépenses publiques et de baisses d’impôts se sont accélérées et l’objectif gouvernemental d’un déficit public ramené sous le seuil de 3% du PIB l’an prochain apparaît désormais difficile à tenir. De son côté, le Japon a décidé d’un nouveau plan de relance cet été.

Pour autant, à l’horizon 2017, le stimulus budgétaire mondial resterait limité, voire inexistant, selon les prévisions du FMI, la politique budgétaire serait neutre en moyenne dans les pays développés et restrictive dans les pays émergents.

Plusieurs éléments empêchent la mise en place d’une relance budgétaire à l’échelle mondiale. En premier lieu, les contextes politiques nationaux tendent à paralyser la politique budgétaire dans certains pays. Deuxièmement, la situation budgétaire actuelle laisse peu de marges de manœuvre pour accroître davantage la dette publique. Dans les pays développés, cette dernière a atteint 106% du PIB en 2015, contre 72% en 2007. Parmi les pays émergents, les pays producteurs de pétrole sont contraints d’assainir leurs finances publiques à la suite de la chute de leurs revenus. De leur côté, les pays disposant de marges de manœuvre budgétaire (Allemagne, Suède, Australie, Corée…) se montrent  réticents à les utiliser à court terme.

Par conséquent, un soutien budgétaire significatif et rapide à l’activité mondiale apparaît peu probable. Cela conforte donc la prévision du Groupe d’une croissance et d’une inflation accélérant peu en 2017. Il en résulte que les politiques monétaires ultra-expansionnistes seront prolongées, maintenant durablement les taux d’intérêt à de très bas niveaux.